Requiem, chevalier vampire, Mills et Ledroit

Publié le par B'sC

Heinrich, tout juste décoré du parti nazi dans les années 1930, découvre avec effarement que Rebecca, la femme qu'il aime, est juive. Fou d'elle, il ne parvient pourtant pas à la sauver de la Gestapo. Ce choc fait de lui un soldat impitoyable. Sa mort, en pleine guerre, le transporte dans un enfer qu’il n’imaginait pas : le temps s’y écoule à l’envers, les morts rajeunissent au lieu de vieillir, les armes nouvelles n’existent pas, les villes détruites dans le monde des vivants apparaissent au fur et à mesure… Une guerre constante pour le pouvoir anime tous les êtres.

Il découvre surtout qu’il s’est réincarné en vampire, signe de sa cruauté passée. Il réussit à devenir « chevalier vampire », une haute caste qui lui confère une nouvelle puissance. Il attire la convoitise (ou la haine) des créatures maléfiques qui peuplent son monde.

 

Une autre surprise l’attend : Rebecca s’est elle aussi réincarnée en enfer, mais sous une forme bien plus pure. A nouveau, ils sont ennemis.

Tiraillé entre sa nature sombre et son amour pour elle, Requiem (c’est son nouveau nom) tente de « survivre » dans ce monde macabre où il pourrait bien mourir une seconde fois, pour de bon.

 

On retrouve dans Requiem, chevalier vampire  tous les ingrédients des bonnes séries d’aventure : de grosses bastons, de l’intrigue, du suspens (et même du sexe). Les références historiques (ou mythiques, comme la présence de Dracula) ponctuent le récit plus qu’elles ne le construisent. Contrairement à d’autres séries de bande dessinées, Requiem n’est pas une fresque historique. La séparation constante que fait Pat Mills entre le bien et le mal est plus cynique que complexe. Chacun est incarné par un certain nombre de créatures,dont les lémures (comme Rebecca) pour le bien, et les vampires pour le mal. Forces du bien et du mal sont clairement identifiées. Les nuances se jouent à l'intérieur du camp du mal, dont les clans se livrent une lutte stratégique pour contrôle de l'enfer.

Le dessin d’Olivier Ledroit est riche, particulièrement dense et de composition osée. Il montre une capacité de mise en scène très développée. L’espace entre les cases, que la plupart des auteurs laissent en blanc, est toujours prétexte ici à de multiples rajouts qui installent bien l’ambiance. Il choisit avec soin ses couleurs pour installer ses atmosphères, le plus souvent en noir et rouge (parfois un peu trop de rouge). L’utilisation de la couleur directe (autrement dit, pas de contours) lui permet sans nul doute d’enrichir ses images de multiples détails.

Cette maîtrise permet de donner du corps à un récit parfois un peu simpliste.

Un scénario romanesque plein de rebondissements et d’action, mis en scène avec un dessin très travaillé : un rock très rythmé, conquérant et jouant sur les sons graves devrait convenir à cette série à découvrir après 15 ans.

Publié dans Aventure

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